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La Boîte Rouge VIF
Musée virtuel du Canada (MVC)
L'appel de la nature
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L'effet de la forêt

David Kistabish. Sophie Kistabish
29 Juin 2011
Pikogan

« Dans le bois, t’as pas d’heure. »

David Kistabish, Anishinabe

Il y a des apprentissages que l’on ne peut faire qu’en nature, des connaissances que l’on ne peut transmettre qu’en territoire. La forêt est un lieu de formation et de transformation. « Elle nous révèle, croit fermement David Kistabish. Elle fait de nous une autre personne; notre esprit fonctionne différemment. » Le calme prédispose à l’introspection, les gestes quotidiens, à l’action. Les gens se visitent, pratiquent l’entraide et la solidarité. David s’est construit un camp. Ce qu’il ressent en forêt, il veut le faire vivre à ses enfants.

Transcription

Intérieur. David Kistabish est à gauche de l’écran. Il porte une casquette grise et un polo noir sur lequel est inscrit Les forêts. Sophie, à droite, porte un kangourou noir à capuchon arborant un symbole blanc semblable à un capteur de rêves. Ils sont assis devant un mur beige.

David Kistabish

Ben, quand t’es dans l’bois, c’est pas pareil qu’en ville, c’est certain. T’as pas d’heure.

Intervieweur

Ouin!

David Kistabish

T’as pas d’heure, t’as pas de télévision.

Sophie Kistabish

Pas d’électricité.

David Kistabish

T’as pas de… T’as pas de télévision. T’as pas de… C’est quoi, tu disais?

Sophie Kistabish

D’électricité.

David Kistabish

T’as pas d’électricité. Ton eau courante, y faut que tu ailles la chercher dans la rivière, ton eau courante, ton eau que tu vas avoir besoin. Ton bois de chauffage, c’est la même chose. Fait que, oui, à quelque part, c’est différent, le mode de vie. Dans le bois, t’es actif. Plus qu’en ville.

Intervieweur

Ça fait du bien, ça?

David Kistabish

Oui, ça fait... Moi… Pour moi, quand je vais dans le bois, je m’en va me ressourcer. Je m’en va me calmer, si j’peux dire. Parce qu’en ville, ça va vite. En ville, ça va vite en tabarnouche! Pis pas besoin d’aller loin pour te rendre compte que ça va vite là. Même icitte, en Abitibi. C’est moins pire qu’à Montréal. À Montréal, je passerais pas une semaine là.

Intervieweur

Ah! non?

David Kistabish

C’est épouvantable! Tu reviens ici et tu es déjà bien. T’es déjà mieux… Mais, dans l’bois, c’est encore mieux. C’est pour ça que je me suis fait un camp. C’est pour ça que j’y retourne, parce que j’ai un intérêt pour ça. Le calme qu’y’a dans la nature, tu ne trouves pas ça ailleurs. Le monde, dans l’bois, sont portés à aller visiter aussi, plus. T’sais, quand c’est le temps de la chasse, quand les bureaux sont fermés là, le monde est porté à aller visiter plus les gens. Y’a des gens dans [la] communauté qui se visitent pas nécessairement quand on est au village, mais que, dans l’bois, tiens, on va aller visiter voir...

Intervieweur

Ah! ouin?

David Kistabish

... à telle place, tel camp. T’sais, veux, veux pas… À que’que part, c’est une différente mentalité. C’est une différente façon de fonctionner. Moi, je l’vois de même en tout cas.

Intervieweur

C’est pas une question de distance : les maisons sont plus rapprochées ici que dans l’bois.

David Kistabish

Ben non! On est tous proches. Pis c’est plus loin, dans le bois, aller voir l’autre, qui est le voisin ou qui… t’sais, de la parenté ou... Pis si on parle de kilomètres et de kilomètres là. Icitte, on est dans combien de kilomètres carrés, t’sais? Pis l’monde, y… Oui, y’a du monde qui se visite quand même, mais du monde qui se visite pas nécessairement ou qui ne se voit pas nécessairement. Dans le bois, c’est différent. Le, le, le mouvement d’entraide ou de solidarité est plus fort dans le bois, j’dirais.

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Là où est ma place !

Ella Gull
14 Juin 2011
Waswanipi

« Après 3 jours en forêt, mon petit-fils m’a dit : “Je m’ennuie. Je veux retourner à Waswanipi”. »

Ella Gull, Eeyou

Comme plusieurs de sa génération, Ella Gull a été envoyée au pensionnat. Bien malgré elle, elle a dû cesser d’aller en territoire avec son père et sa mère. Elle en a ressenti un grand vide, qu’elle essaie de combler depuis sa retraite. Elle sait depuis toujours que la forêt, c’est son univers. En passant le plus de temps possible sur sa ligne de trappe, elle cherche à retrouver le mode de vie de ses parents, même si beaucoup de choses ont changé. Ce qu’elle y gagne n’a pas de prix : le silence, la liberté et le sentiment de pouvoir enfin être celle qu’elle est.

Transcription

À l’intérieur. Plan rapproché d’Ella Gull. Elle est assise devant un mur de rondins.

Intervieweur

Vous, vous viviez dans le territoire avec vos parents quand vous étiez jeune?

Ella Gull

Quand j’avais 10 ans, on m’a emmenée dans un pensionnat. Avant, j’étais avec mes parents. Mais c’est très différent aujourd’hui de ce que c’était à l’époque, car nous n’avions pas la même technologie. Nous n’avions ni téléphone ni Ski-Doo, à l’époque. Quand j’avais 10 ans, tout le monde se déplaçait en canot, en raquettes à neige, en traîneau à chiens. Alors, c’était très différent.

Intervieweur

Et ces outils ont changé votre façon de vivre vos activités sur le territoire? vos activités culturelles?

Ella Gull

Eh bien, ils rendent les choses un peu plus faciles, c’est sûr. Sans tronçonneuse… Avant, nous utilisions une scie à main pour couper du bois. Maintenant, nous avons des tronçonneuses, et cela rend les choses un peu plus faciles.

[…]

Scène suivante. Gros plan sur Ella Gull.

Ella Gull

Lorsque j’allais au travail, quand je travaillais, j’avais envie de retourner dans le territoire pour apprendre, pour vivre comme mes parents vivaient. Mais, je savais que je n’avais pas le temps de le faire lorsque je travaillais. Il fallait que j’attende les deux semaines du Goose Break au printemps et les deux semaines de la pause à l’automne, le Moose Break. C’est à ce moment que je pouvais aller dans le territoire et que j’avais l’impression que ce n’était pas assez. Je ne vais pas être capable d’apprendre assez. Je dois réapprendre ce que nous faisions il y a longtemps parce que je n’ai pas fait… Je n’ai pas vécu dans une communauté comme celle-ci. Je n’ai pas fait ça depuis toutes ces années. Quand j’ai recommencé à y retourner, je sentais que c’était comme tout recommencer l’apprentissage, essayer de vivre comme ça et, euh... Si j’étais un peu plus jeune, j’aurais pu en faire plus. Mais, j’aime ça. Je me sens en paix et j’ai vraiment l’impression que ma place est ici. C’est ma vie, dans le territoire. Je ressens cette paix en moi, d’être capable. Je suis reconnaissante d’être capable de vivre comme ça, à nouveau, de revivre cette vie que mes parents ont vécue. Alors, je sais qui je suis. Qui je suis vraiment.

Intervieweur

Vous vous sentez plus proche de vous-même dans les bois que dans la communauté.

Ella Gull

Oui, certainement. Ouais!

Intervieweur

Et comment exprimeriez-vous ce que vous ressentez par rapport à la vie dans la communauté?

Ella Gull

J’ai l’impression qu’on ne se repose pas assez quand on est dans la communauté. Il y a toujours des choses à faire. Il y a toujours le téléphone qui sonne, la télévision allumée. La paix que je retrouve dans le territoire me manque. C’est fatigant, surtout quand vous avez des petits-enfants. J’ai trois petits-enfants qui vivent avec moi en ce moment. Ma fille est là aussi, et je n’ai pas le repos dont j’ai besoin, la paix que je recherche. Les enfants ne me dérangent pas, mais c’est plus paisible et reposant quand vous êtes dans le territoire. Si vous y êtes trois jours, vous vous sentez déjà comme une personne différente, parce que vous avez tout le repos et la paix nécessaires. Je ne trouve pas ça ennuyeux comme ce peut l’être pour les enfants. C’est ce que dit mon petit-fils après trois jours : « Oh! C’est si ennuyeux! Je veux retourner à Waswanipi. »

Intervieweur

Alors, ils ne ressentent pas la même chose que vous?

Ella Gull

Ils ne ressentent pas la même chose, non. Parce que c’est comme ça que leur vie a commencé, avec toute la technologie et tout le reste. Alors, aller dans le territoire est très différent pour eux. Mais, moi, je savais déjà quand j’étais jeune que je voulais y retourner. Je voulais revivre ça, ce style de vie.

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Marcher son territoire

Armand Echaquan. Élisabeth Kaine
1 Avril 2011
Manawan

« Aujourd’hui, je suis perdu si je ne suis pas dans le bois. »

Armand Echaquan, Nehirowisiw

Quand il était dans la force de l’âge, Armand Echaquan marchait deux jours pour se rendre dans son territoire. Aujourd’hui, il y va en motoneige. Il n’aime pas la ville, trop rapide et trop bruyante. Il préfère et de loin la paix des bois. Sa maison, c’est la forêt, un trésor qu’il espère léguer dans le meilleur état possible à son fils et ses petits-enfants.

Transcription

Très gros plan sur le haut du visage de profil d’Armand Echaquan. Il porte des lunettes.

Intervieweuse

Donc, vous partiez d’ici. Est-ce que vous y allez encore, vous, sur votre territoire?

Armand Echaquan

Oui, oui. J’y va encore.

La caméra se déplace vers la gauche et descend pour montrer Manawan sur la carte affichée au mur.

Intervieweuse

Vous partez de Manawan.

Armand Echaquan

Après Manawan, y’a un bon bout.

Intervieweuse

Comment vous y allez?

Armand Echaquan

En Ski-Doo!

Intervieweuse

L’hiver?

Armand Echaquan

L’hiver, en Ski-Doo. Nous, [on] allait à pied avant, avant d’avoir des Ski-Doo là. On était toujours à pied.

Intervieweuse

Ça vous prenait combien de temps à pied?

Armand Echaquan

Deux heu… Euh… Deux jours.

Intervieweuse

Deux jours!

Armand Echaquan

Deux jours. Ouin, mais je trappais avant. Je trappais en passant, t’sais. On allait pas pour courir trop là. Moi, je m’en vais dans le bois. C’est le bois qui est… C’est mon… C’est ma maison. Pareil comme une maison. J’arrête là. Je fais quelque chose, OK!

La caméra s’éloigne. L’intervieweuse prend place à gauche. Armand Eshaquan est à droite. Ils font face au mur sur lequel sont affichées de grandes cartes.

Intervieweuse

C’est toute votre maison.

Armand Echaquan

Ouin, oui, ouais! Je ne pense pas [à] d’autres choses. Quand je m’en va dans le bois, c’est dans le bois. Pareil comme vous. Oui. Vous restez dans le bois faire ça. Je m’en va là. J’m’en va moi à telle place. Pareil comme moi. Le bois, c’est… Le bois, c’est mon…

La caméra se place au-dessus de l’épaule de l’intervieweuse. Plan serré sur Armand Eshaquan.

Intervieweuse

Votre grande maison!

Armand Echaquan

Ouin, ouin, ouin. Aujourd’hui, y veulent nous empêcher. Ou ben donc, y dit… Ben, le territoire… Y’a pu de…. Y’avait des réserves de castors avant. Mais, aujourd’hui, ça existe pu.

Intervieweuse

Le castor?

Armand Echaquan

La réserve [de] castors. Y nous avaient laissé comme réserves [de] castors. Aujourd’hui, y disent : « Y’a pu de réserves [de] castors. » Je sais pas pourquoi. On y va pas souvent là-bas. Mon garçon y va. Mon garçon est pas icitte? Clément est pas icitte, lui? Ah! Y’est là!

Intervieweuse

Y reste en retrait. [Rires] Est-ce que, euh, vous retournez toujours ici? Est-ce qu’y’a d’autres secteurs que vous avez bien connus?

La caméra s’approche de nouveau de la carte, et Armand Echaquan y montre différents endroits.

Armand Echaquan

Ah!… Tout icitte là, c’est… Tout là… On voit tout. C’est pas énorme. Moi, je m’en va partout. Avant, j’allais partout. Aujourd’hui, je suis pu comme avant. Je marche lentement. David, lui… Y’a pas dit mon âge lui là?

Intervieweuse

David, y m’a pas dit votre âge. Y’est très délicat. [Rires] Y m’a dit que vous, vous aviez l’expérience « marcher » du territoire, que vous aviez marché [sur] le territoire; que, lui, il l’connait, mais en motoneige.

Armand Echaquan

Ouin, en motoneige. Mais j’y ai montré… y ai montré mon fils, tout dans le bois ce que je faisais avant. Encore aujourd’hui, j’essaye de respecter plus, faire attention, de garder du bois pour pas tout le maganer, t’sais.

Très gros plan sur le visage de l’intervieweuse.

Intervieweuse

Pis vous lui avez transmis?

Très gros plan sur le visage d’Armand Eshaquan et de la carte devant lui.

Armand Echaquan

Oui, oui. Aujourd’hui, en tout cas, y veut que ses enfants apprennent. Qui restent là, qui vivent dans le bois. Pas tout le temps regarder la TV là… Y’a un Indien dedans. Hein? Envoye! De temps en temps, tu peux regarder. Pour dire, hein… Je suis perdu. J’suis pas dans le bois.

Intervieweuse

Vous êtes perdu si vous êtes pas dans le bois?

La caméra s’éloigne de nouveau. Les deux interlocuteurs sont en plan rapproché.

Armand Echaquan

Ouin. Quand t’embarques dans, dans… Y va dans le bois. Tu vas dans le bois, c’est bon pour toi. Moi, j’ai toujours aimé dans le bois. J’ai jamais aimé rester dans [la] ville. Comme aujourd’hui, y s’en vont en ville pour acheter les affaires de qu’est-ce qu’on mange. Moi, j’ai dit : « Moi, j’aime pas ça. » J’aime autant laisser ma femme [aller] chercher, magasiner en ville. Moi, j’ai dit : « Moi, je vais attendre! »

Intervieweuse

Vous, vous alliez chercher à dîner dans le bois.

Armand Echaquan

J’ai toujours vécu dans le bois. On avait rien, mais on avait tout. T’arrivais dans le bois… T’avais tout ce qu’y faut, dans le bois. Pas besoin d’argent.

Intervieweuse

C’est une autre vie maintenant, hein?

Armand Echaquan

Aujourd’hui, c’est pas mal différent. Les jeunes, hein, aujourd’hui, y veulent avoir tout : un chapeau de cow-boy, des souliers, des bottes de cow-boy, des cravates. Nous autres, dans le bois, hein, on vivait, c’est tout. Mocassins… Vous les avez pas vues des, des bottes en orignal, hein? Comme on parlait l’autre jour.

Intervieweuse

Non! On n’en a pas vu. Oui, on en parlait. Pis euh… Personne en a présentement. Les peaux sont comme pas encore faites.

Armand Echaquan

Non. J’en faisais y’a longtemps. Je t’en aurais montré.

Intervieweuse

Oui. J’aimerais ça en voir comme vous parliez.

Armand Echaquan

Mais, on peut toujours faire, si on trouve un morceau de botte. Le faire sécher et le mettre dans l’expo, l’exposition. Où vous étiez, t’sais, à Montréal, ça fait longtemps, j’ai monté, je suis allé dans un musée. J’avais été à Montréal pis à Ottawa. J’ai tout vu toutes les affaires que nos parents faisaient. C’était pratique pour le... Aujourd’hui, j’en fais encore, moi.

Intervieweuse

Vous vous connaissez encore ces pratiques-là.

Armand Echaquan

Oui, je connais encore. J’en fabrique pas mal, des affaires.

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