Nommer pour défendre
Jean-Marc Niquay
30 Mars 2011
Waswanipi
« Il fallait chercher pour faire revivre cette philosophie de la terre. »
Jean-Marc Niquay, Nehirowisiw
Dans les cultures autochtones, le temps est long et les luttes aussi le deviennent. L’exploitation des ressources a succédé aux mesures assimilatrices. Ernest Ottawa est un ancien. Il a porté très longtemps les revendications de son peuple, mais il est fatigué. Il a transmis le flambeau à son collaborateur, Jean-Marc Niquay. Convaincu que l’affirmation passe par une reprise de parole, celui-ci va à la rencontre des siens pour les écouter. Il sait que pour défendre le droit d’occuper un territoire, il faut d’abord le nommer et pouvoir exprimer l’expérience profonde qu’il permet de vivre. Le territoire est un espace physique et spirituel. C’est sur ces deux plans que doit porter le combat.
Compte-rendu d'une entrevue réalisée avec Louise Sioui.
Parce que tu disais que t’avais goûté au breuvage, c’est : ati hahique yaoüen. Ça veut dire « l’eau d’épinettes aux baies sauvages », mais ça veut dire l’eau de toutes les plantes, de tous les fruits qui rentrent dans le breuvage.
[…]
Parce que, moi, t’sais, quand les gens disent « ah! C’est quoi? », j’explique toujours. Ce breuvage-là, y’est jamais pris avec de l’alcool. Jamais, jamais. Même, j’leur dis : « Si t’es pour mettre de l’alcool dedans, j’te l’vends pas. » Parce que tu peux pas dénaturer qu’est-ce qu’il est. C’est toute l’année.
Ça commence au début de l’année. Ça m’donne l’occasion d’aller chercher les plantes, faire tout le tour, pis de faire un peu de ressourcement… Chaque année, tout au long, avec les différentes activités culturelles, traditionnelles. On occupe le territoire, on vit au quotidien. Y’a certaines plantes que tu peux seulement cueillir à l’automne, mais si t’as pas vu toute l’année où elles se trouvent au début, pis son développement, ben, tu peux pas aller la chercher, t’sais?
On part de l’eau d’érable. Tout rentre tranquillement, se poursuit avec d’autres fruits, avec d’autres plantes.
[…]
Il y a une continuité, ça se joue au quotidien. Ça nous aide à récupérer, à r’prendre contact aussi. La vie est folle, t’sais, la vie est vite! Pis on travaille, pis on travaille, pis on travaille… On étourdit tout le monde et on s’étourdit nous-mêmes aussi.
[…]
Ati hahique yaoüen. […] Ben, c’est l’eau. […] C’est toujours très imagé, les langues autochtones. Parce que, t’sais, quand j’dis ça, l’eau d’épinette, c’est parce que là, j’ai pris l’épinette. Mais c’est l’eau de cet arbre-là, mais des autres aussi. Parce que y’en a plus qu’un qui nous donne [son] eau.
Les plantes, les arbres nous donnent leur eau pour qu’on puisse vivre, nourrir notre arbre à nous. Ça fait le cycle de la vie. Parce que tout le long, y s’rajoute quelque chose. Que ce soit le temps des fraises, le temps des bleuets, le temps de telle plante, de telle chose, le temps des pommes, le temps des choses…
Mais, t’sais, ça se suit. Chaque saison, on a besoin de certaines vitamines, de certains oligo-éléments. On se les partage, t’sais. On leur donne, on les remercie, en quelque sorte. Mais c’est un processus. C’est durant toute l’année.
Compte-rendu d’une entrevue réalisée avec Maggie Etapp
On est encore sur une liste d’attente [pour avoir un camp dans le bois]. À chaque année, ils donnent des cartes. On est encore sur la liste d’attente… Mais mes beaux-parents en ont. La tante de mon conjoint en a une. D’autres membres de la famille en ont. Fait qu’on va sur leur territoire pour aller chasser.
[…]
Depuis qu’on a notre quatre roues, on part à toutes les fins de semaine. On s’en va à chasse. On se promène, on prend de l’air, [on passe] du temps avec la famille… avec sa tante. Sa tante, elle vit dans le bois tout le temps. Fait que, on s’en va la visiter. Elle est souvent seule. Je crois que, quand elle était plus jeune, c’était tout le temps dans l’bois. Puis quand elle s’est mariée, c’était dans l’bois quand même. Fait que la communauté a été construite. Elle est venue [y] vivre quelques années. Elle a travaillé quelques années. Son mari est venu travailler. Quand ils ont pris leur retraite, ils sont retournés dans l’bois. J’en connais plusieurs des couples âgés, des aînés, qui vivent dans le bois.
[…]
[Les plus jeunes] y travaillent. Il y en a quelques-uns qui travaillent, qui vivent encore dans le bois, quelques familles. Pis moi, j’veux pas attendre après ma retraite! J’attends juste mon camp. Le chalet, c’est tout ce que j’attends.
On a fait notre première demande, je pense que ça fait cinq ans de ça… On a refait une autre lettre l’an passé, à l’automne passé, mais on n’a pas de réponse encore.
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