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La Boîte Rouge VIF
Musée virtuel du Canada (MVC)
La somme des influences
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Des emprunts culturels

Jocelyn Paul
26 Mars 2011
Wendake

« L’identité n’est pas quelque chose coulée dans le ciment. »

Jocelyn Paul, Wendat

La culture d’un peuple, comme une langue, est un métissage. Elle se nourrit d’emprunts, sans renoncer pour autant à ses fondements. À l’image des nations, les identités autochtones sont multiples. Elles sont le fruit d’une histoire, d’un territoire et de rencontres. Chaque geste de rapprochement est un enrichissement, un ajout précieux à la contribution des ancêtres, socle sur lequel les nations se construisent.

Transcription

Entrevue téléphonique réalisée avec Jocelyn Paul. Une photo de lui ornemente le son de sa voix.

Jocelyn Paul

Écoute, euh… Et c’est là que ça d’vient un peu délicat, dans le sens où y’avait une manière, ou y’avait une spiritualité chez nos ancêtres qui était X. Y’a eu un phénomène de christianisation excessivement important qui a été effectué, et dans les 25-30 dernières années, il y a des gens qui essaient de renouer avec leur spiritualité originelle. Moi, c’que j’peux te dire, c’est que aujourd’hui, surtout du côté du Québec, y’a des gens qui vont s’entretenir des discours spirituels à tout casser là, mais quand tu grattes un peu, tu vas réaliser que leur grand-mère était à l’église tous les jours.

Intervieweur

Oui. Ben c’est ça. C’est une réappropriation spirituelle souvent.

Jocelyn Paul

C’est une réappropriation d’une certaine forme d’identité culturelle avec toutes les déformations qu’ça peut impliquer. Pis là, euh, je parlerais comme ça, y’a du monde qui voudrait m’tirer des cailloux là, mais c’est ça, la réalité.

Intervieweur

Avec aussi des influences qui viennent d’autres nations.

Jocelyn Paul

Et voilà! Et nous, au Québec, souvent t’as beaucoup de leaders spirituels autochtones qui, euh, quand tu traces un peu ou qu’tu r’gardes un peu leur cheminement, j’en connais quelques-uns que je nommerai pas par, par courtoisie, tu réalises qu’à un moment donné, y’ont passé du temps dans l’Ouest américain, dans l’Est canadien, y’ont pris des traits culturels venant de l’Ouest, y’é ont amenés au Québec, pis y tentent d’injecter ça dans l’cadre culturel ou identitaire des tribus du Québec, alors que, parfois, ça n’a rien à voir avec nos ancêtres.

Intervieweur

Ça permet du moins une construction identitaire ou une réappropriation identitaire, mais ça veut pas dire qu’y’a un lien avec le passé nécessairement.

Jocelyn Paul

Et voilà! T’sais, au même titre que dans années 50-60-70, tu voyais tous les chefs autochtones du Québec qui étaient connus un peu, qui portaient des bonnets à plumes là, typiques là des Dakotas pis des Sioux de l’Ouest canadien. Je m’excuse là, mais nos ancêtres, les hurons, n’ont jamais porté ça là.

Intervieweur

Non, ça c’est l’image hollywoodienne aussi extrêmement répandue.

Jocelyn Paul

C’est une image hollywoodienne que plusieurs politiciens, euh, autochtones au Québec, pis même ailleurs au Canada, se sont réappropriée parce que ça faisait l’affaire, pis ça paraissait ben.

[…] à un moment donné, au niveau de ton identité, bon, y y’a des choses qui sont parfois utilisées, euh, à tort et à travers. Ceci étant dit, euh, je trouve personnellement qu’au cours des 10-15 dernières années, on est beaucoup plus sérieux dans nos démarches dans la communauté ou dans les communautés, j’te dirais. Euh… Y’a eu là une espèce là d’identité de type un peu hollywoodienne là qui a été entretenue. Pis écoute, moi, j’suis quand même né en 1966. J’ai pas 90 ans, mais t’sais au plus, au plus loin de mon enfance, quand qu’on avait des powwow chez nous, au village huron, ou même mon père qui était membre du conseil pendant plusieurs années, bon, ont véhiculé un peu cette espèce d’identité-là, d’Indiens de l’Ouest, etc. Mais, j’te dirais qu’depuis probablement là 15 ans, euh, y’a un effort qui a été fait à Lorette, vraiment, pour s’réapproprier un peu notre propre culture, t’sais? Le chapeau à plumes frisées purement huron-iroquois, très traditionnel chez les Iroquoiens. Euh, t’sais, on a, les gens aujourd’hui à Lorette savent c’est quoi une ceinture de wampum, comprends-tu là? T’aurais posé la question v’là 35-40 ans et y'aurait pas grand-monde qui aurait pu te répondre à ça.

Intervieweur

Ah! oui! À ce point-là? Ça, j’en n’étais pas conscient.

Jocelyn Paul

Ah! oui, oui! Absolument, absolument, absolument! Y’a eu, y’a eu une érosion importante là, chez nous, à Lorette, au cours des… quand même des dernières générations. Faut pas se leurrer! La fleur a été, la flamme, plutôt, a été entretenue par quelques familles, en particulier, mais ça l’a évolué. Mais, t’sais, un moment donné, ce qu’il faut réaliser, aussi, c’est que l’identité de n’importe quelle nation, n’importe où sur le globe, c’est pas quelque chose qui est coulé dans l’ciment. C’est quelque chose qui évolue. C’est comme les langues, hein. Une langue qui n’intègre pas des mots étrangers, qui ne s’enrichit pas, souvent, va devenir sclérosée. C’t’un peu pareil pour les identités. C’est pareil pour les cultures. C’est pareil pour les religions. Ce sont des phénomènes humains qui sont en pleine évolution. Et, et c’est correct. Tu veux pas non plus les figer dans l’temps. Hein? Euh, dans l’sens où, oui, faut être fier de notre passé, faut être fier de nos traits culturels, euh. Mais, ceci étant dit, on est quand même dans le 21e siècle. Donc, il s’agit, j’pense, un peu de concilier modernité avec ta fierté de tes racines, pis d’tes ancêtres. C’est pareil pour les Québécois. C’est pareil pour les Acadiens, les Franco-Ontariens, t’sais, euh, même dans le Canada anglais. Regarde, il y a énormément de gens qui sont très fiers, pis avec raison, de leurs origines irlandaises. On a une parade de la Saint-Patrick à Montréal, pis à Québec, t’sais? Pis les gens sont fiers de leurs origines écossaises. Hein? T’as des tatous de cornemuse partout au Canada là, mais les gens sont, sont Canadiens, mais sont fiers de leur identité là, écossaise. Pis c’est ben correct comme ça, comprends-tu.

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Des pratiques partagées

Richard Moar
29 Mars 2011
Manawan

« Mon grand-père nous a dit : “Allez retrouver les outils que nous avions. C’est à partir de là que vous allez pouvoir guérir.” »

Richard Moar, Nehirowisiw

Il n’est pas toujours facile de faire renaître les pratiques traditionnelles. Plusieurs aînés expriment de fortes résistances. Ils se méfient des rituels dont on leur a longtemps répété qu’ils étaient diaboliques. Ils préfèrent ne pas en parler. D’autres aînés montrent davantage d’ouverture. Quand Richard Moar a entendu dire, lors d’un séjour en Ontario, que la cérémonie de la danse de la pluie était présente dans la culture atikamekw, il a demandé aux anciens de sa nation s’ils en gardaient souvenance. Certains se sont alors rappelé avoir été témoins de cette pratique et c’est avec fierté que Richard Moar l’a ajoutée à ses outils de guérison.

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Le secret des plantes

William Jerome
14 Décembre 2010
Gesgapegiag

« Ça m’a pris 14 ans pour apprendre ces choses et je suis toujours en train d’apprendre. »

William Jerome, Mi'qmaq

« Quand Jacques Cartier est débarqué à Gespeg en 1534, c’est grâce aux remèdes des Mi’gmaq que son équipage a pu survivre », rappelle William Jerome. À l’image de ses ancêtres, il utilise les pratiques traditionnelles pour aider ses frères humains à retrouver la santé du corps comme de l’âme. Ses connaissances, acquises auprès des membres de sa nation, se sont enrichies grâce aux rencontres de guérisseurs algonquins, iroquois ou innus. Avec eux, il a partagé les secrets des plantes, la fabrication des remèdes et la manière de les employer. Comme eux, il contribue à la sauvegarde des savoirs ancestraux qui ont permis à Jacques Cartier de poursuivre ses explorations.

Transcription

Gros plan sur William Jerome.

William Jerome

J’ai eu la chance de rencontrer un homme de la Colombie-Britannique qui est venu me voir pendant que je faisais une cérémonie et nous avons parlé de médecine. Puis, il m’a parlé de sa médecine. Il m’a donné sa médecine et, ce qui est arrivé, c’est que certaines des médecines que j’ai ne poussent pas dans les environs.

Zoom et très gros plan sur William Jerome.

Mais, j’ai rencontré… Je [me suis rendu] à des rencontres comme à Montréal, [à] Québec. Et j’ai rencontré des gens de différentes nations, comme [des] Montagnais, [des] Algonquins et, euh, des Innus. Et, parfois, nous nous asseyons et commençons à parler de médecine. Alors, ils ont commencé à me donner leurs médecines, et j’ai commencé à leur donner mes médecines, et nous faisions des échanges. Mais, lorsque je donne mes médecines, je leur donne les enseignements, comment les utiliser et comment les préparer, et ils font la même chose.

C’est comme ça que ça a commencé. Aujourd’hui, je fabrique dix-sept sortes de médicaments. Je veux dire médecines. Et j’utilise… J’essaie d’en utiliser beaucoup sur moi-même. Avant de commencer ce cheminement, je devais prendre dix-sept types de médicaments différents. Maintenant, j’en prends quatre : pour mon cœur, mon sang, mon diabète et ma pression sanguine. C’est tout.

Intervieweur

Vous parlez de médicaments chimiques?

William Jerome

Oui, les médicaments que j’obtiens à la pharmacie. Donc, le point est que notre histoire remonte à tant d’années… Nous parlions un peu plus tôt aujourd’hui que nous sommes allés au 475e anniversaire à Gaspé. Ça fait 475 ans que Jacques Cartier est débarqué dans la baie gaspésienne. Quand ces gens sont arrivés, il n’y avait pas de docteurs, mais il y avait les Micmacs. Nous avions les médecines. Nous leur avons donné les médecines pour survivre. Voici à quel point notre histoire et nos médecines sont fortes.

En cours de route, en vieillissant, nos ancêtres n’avaient rien à perdre. Parce que les gens et les temps changent, des gens différents sont arrivés et puis, tout à coup, nos enseignements ont disparu. Notre langue a disparu, la plupart de nos cérémonies ont disparu, et puis notre médecine est disparue. Mais nous avons eu de la chance que certaines personnes aient conservé ces enseignements, surtout au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Il y a beaucoup de gens qui sont guérisseurs là-bas. Et ils conservent leurs savoirs, et ils les ont donnés à leurs enfants, et ensuite nous commençons… Nous commençons à utiliser ces médecines dans nos cérémonies de façon traditionnelle. Nous ne le faisons dans la communauté que depuis environ vingt ou vingt-cinq ans, avec le retour vers les cérémonies. Ce n’est pas long.

Puis, une personne est arrivée et elle a commencé un powwow, un powwow traditionnel. Ce n’était pas un powwow extravagant. Il y avait des gens qui appelaient d’autres gens pour qu’ils viennent, qu’ils dansent et qu’ils écoutent de la musique. Et nous avons dansé pour les personnes malades. C’est ce qu’elle a commencé. Puis, nous avons compris, et certaines personnes ont commencé à se déplacer vers d’autres endroits et ont appris la tente à sudation et d’autres cérémonies qu’ils ont ramenées. Ça m’a pris quatorze ans pour apprendre toutes ces choses, et je continue toujours d’apprendre.

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Compte-rendu d’une entrevue réalisée avec Richard Moar

Comment on va travailler la guérison? Mon grand-père, à un moment donné, nous a dit : « Allez retrouver les outils que nous avions. C’est à partir de d’là que vous allez pouvoir guérir. » Tu sais, notre grand-père nous a donné c’te message-là, mais t’en avais d’autres qui voulaient rien savoir. Il y en a encore, parmi certains aînés, qui n’osent pas, qui ne veulent pas croire à ça, tu sais, qui veulent pas. Ils veulent pas savoir c’est quoi ça, t’sais, parce qu’on leur a tellement imprégné que le tambour, les cérémonies, les rituels, c’est diabolique.

T’sais, on leur a fait peur, et c’est cette peur-là qui existe encore, qui est encore omniprésente parmi certains aînés. Mais y’en a d’autres qui ont commencé à embarquer avec nous autres. Peut-être pas vraiment embarquer, mais nous soutenir, nous dire tranquillement : « C’est bon pour vous autres. » C’était un des derniers qui avait fait les sweats.

[…]

Mais, comme j’disais tantôt, je creuse pis je creuse. Ça, ça veut dire pas juste dans la terre, c’est dans la mémoire des gens. Je travaille beaucoup sur ça, avec les aînés. Mais pour qu’ils puissent retrouver cette mémoire-là, il faut qu’ils voient des choses.

J’ai commencé en 1992. J’ai commencé à aller chercher autre chose pour pouvoir me tenir en santé. Je suis allé vers les cérémonies et je me suis rendu même jusqu’au rain dance. C’est plus avec les gens de l’ouest du Canada, mais nous, on allait à Manitoulin Island, en Ontario, dans le bout de Sudbury.

Un village qui s’appelle Wiikwemkoong. C’étaient des guérisseurs. C’étaient des gardiens. C’est eux qui avaient gardé les cérémonies. Ils nous disaient que le rain dance, ça appartenait aux Atikamekw. Pis nous autres, au début, on n’était pas sûrs. Il fallait que ce soit confirmé par nos grands-pères. Ben, à c’moment-là, nos grands-pères n’osaient pas trop parler de ces choses-là. Certaines personnes connaissent l’histoire de personnes qui ont eu des pouvoirs, des dons, et qui se sont amusés avec, dans l’sens où y’étaient capables quasiment de tuer une personne avec c’te pouvoir-là. Y’appellent ça, des fois, la magie.

Quand on a su que le rain dance appartenait aux Atikamekw, on est allés. J’suis allé faire la cérémonie. J’suis allé vivre la cérémonie, aller vivre les rituels du rain dance pendant quatre ans, mais beaucoup dans la guérison. Beaucoup pour la guérison. Parce que, à c’moment-là, aussi, ma femme commençait à être malade. Pis je suis allé danser pis jeûner.

J’ai fait 4 ans avec le rain dance et, en même temps, je posais des questions. Et quand je revenais à Manawan, j’en parlais à mon oncle, qui avait un certain âge. J’lui racontais ces choses-là seulement pour travailler sur sa mémoire.

[…]

À un moment donné, mon oncle m’arrive. Y m’dit (on était en train de préparer le site). Y m’dit : « Richard, j’me souviens. » Y dit : « j’en ai vu un comme ça dans l’territoire. » Pis ça, ce sont des lieux sacrés.

Et j’étais content! J’étais content qu’on confirme parce qu’on l’a ramené, le rain dance, à Manawan. T’sais, on l’fait à Manawan. On a des grands-pères asteure qui ont eu des cadeaux pour pouvoir aider la communauté.

Ça là, c’est une grande fierté d’avoir réussi à aller chercher ces outils-là pour nous autres, qui nous appartenaient, qui appartenaient à nos ancêtres.

C’est tout ce chemin-là que j’ai fait, que j’ai creusé dans la mémoire des gens.

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