La baie de Kangiqsujuaq est recouverte de neige. Les montagnes entourent presque tout le décor. Quelques nuages flottent au-dessus des montages. Le reste du ciel est bleu et le soleil brille. Au pied des montagnes les plus proches, quatre bateaux sont remisés pour l’hiver. Une camionnette rouge est stationnée à proximité. Un jeune homme se tient debout sur un enrochement de plus de soixante mètres de long. Il porte un jean, un kangourou gris foncé et des lunettes de soleil.
Bonjour! J’m’appelle Adamie Phillie. Voici Kangiqsujuaq, notre belle village. Pis euh… J’suis né ici. J’habite ici depuis que j’suis né.
Il pointe devant lui.
Pis euh, là, en avant de nous autres, ça, c’est la baie… la baie de Kangiqsujuaq. C’est pour ça qu’on le nomme Kangiqsujuaq, parce que ça veut dire « la grande baie ».
Il se déplace sur les gros rochers pour être plus près du bord et pointe la partie du paysage où il n’y a pas de montagne.
Fait que là, la baie vient d’là-bas, pis ça va jusqu’au fond là-bas. C’est une bonne, euh, vingtaine de kilomètres, ici, de notre village.
Il se tourne vers sa gauche et pointe devant lui.
Fait qu’ici, en avant, là-bas, en arrière, c’est où est-ce qu’on voit les montagnes là. C’est là que y’a l’coucher du soleil. Fait que là, on est printemps en c’moment. Fait que le coucher du soleil, c’est entre neuf heures pis dix heures. Fait que, pendant l’été, le, le soleil s’couche à onze heures le soir. Fait que là, si vous r’gardez en arrière, ici, on voit notre belle… notre beau village là. On est à peu près, euh, 800 per… personnes de population.
Il se tourne à 180 degrés et retourne vers le centre de l’enrochement. Dos à la caméra, il regarde le village devant lui.
Pis ici, euh, c’t’une belle place de v'nir ici, parce que c’est facile, euh, de v'nir ici. Y’a une route qui [se] rend jusqu’au quai. Ici, on appelle ça l’nouveau [mot en inuktitut]. Pis euh… C’est parce qu’on est dans [la] pointe, euh, de notre village.
Il se tourne à sa gauche et fait quelques pas devant lui, toujours sur l’amas de rochers.
Fait que c’est ici qu’on vient mettre notre bateau. En parlant de bateaux… Ici, on peut voir que y’a quat' bateaux [des] communautés. Y’a en là. Pis ça, ce[s] bateaux-là, ça appartient [aux] communautés. Fait que on utilise ces bateaux-là pas juste pour aller pêcher pis à chasse, mais on amène, euh, des élèves, des personnes qui [désirent] aller, euh, aller en bateau pendant l’été. Fait qu’on passe par la baie. Pis on peut aller quand même loin avec ces bateaux-là. Sont quand même grosses. [Il] peut y avoir une vingtaine, une trentaine de personnes, c’est sûr. Sont assez grands pour avoir quand même beaucoup de monde.
Il se tourne à sa droite et avance de quelques pas. Il pointe légèrement à sa gauche.
Pis euh, en parlant de bateaux, y’a une plaque flottante qui est juste à côté [du] bateau là-bas. Y se servent de d’ça pour mettre des affaires qui viennent des bateaux d’marchandises. Fait que là, les bateaux [de] marchandises qui viennent du sud… Un des moyens pour v'nir ici, c’est quand qu’y’a pas de glaces.
Il retourne vers le bord de l’enrochement.
Fait que là, au moment où qu’y’a pas de glaces, tout est fondu, c’t’au milieu d’juillet pis jusqu’au mois de septembre, fin septembre, peut-être octobre.
Il pointe le chemin emprunté par les bateaux et celui par les plaques flottantes.
C’est pendant c’temps-là qu’les bateaux marchandises y [viennent] sur la baie tout ici, mais y [peuvent] pas s’rapprocher du village parce que l’eau est pas assez [creuse]. La baie est pas assez [creuse]. Fait que là… C’est là que y… Y restent là pendant que les plaques y’amènent les containers, les camions, tous les accessoires qu’on a dans les magasins COOP. Parce qu’on a un seul magasin, pis tout coûte cher.
[Une] des raisons qu’y coûte cher, c’est parce que les choses qu’on reçoit, c’t’en bateaux. Pis c’est seulement en été. Fait que y’a trois mois par année que les bateaux viennent, pis c’est là qu’on reçoit, sinon on reçoit dans l’avion pendant l’hiver, mais ça coûte quand même plus cher comparativement à un bateau.
Il se retourne et avance de quelques pas vers la camionnette qui se trouve sur le rivage en la pointant. Il pointe la baie et le rivage.
Fait que là, par exemple, on a un camion… notre, euh, notre pick-up qui est là. [Celui]-là, on l’avait reçu y’a trois-quatre ans, ce p’tit rouge-là. Pis y venait dans l’bateau. Fait que avec ce plaque-là là, que flottage là, y va jusqu’au bateau qui est au milieu d’la baie là, pis y l’ramène ici. Fait que, euh, le camion qu’on avait reçu était sur un container. Fait que, euh, y’a plein d’voitures qu’on reçoit à chaque été. Y’a du monde qu’y’en achète pis, euh, à cause qui peut pas s’rendre jusqu’ici, y’a un autre [p’tit] bateau qu’y l’amène avec [une] plaque qui vient de d’là.
Fait que… Euh, c’est ça. Pis euh, comme j’disais tantôt… que c’est bien accessible de s’rendre jusqu’ici. Y’a du monde qui vient à pied. Y’a du monde qui vient en quatre-roues, même en voiture, juste pour aller chiller. Parce que comme vous voyez, le village est juste en arrière, pis la baie est juste en avant. Fait que en été, surtout, c’est toujours, euh, la nature là.
Il s’éloigne de la caméra, retourne vers le bord de l’enrochement et regarde la baie.
On est quand même au milieu d’la toundra. C’est comme un désert ici, on peut dire, mais avec plein de roches pis plein d’neige parce que on est dans l’Arctique là. Fait que, euh, y’a beaucoup de neige, c’est sûr, mais on n’a pas d’arbres. Même quand qu’on n’a pas d’arbres, on peut faire des feux, mais avec des plantes.
Pis euh… C’est une belle place pour [se] rendre. Pis j’viens quand même souvent ici tout le temps, parce que c’est facile [se] rendre jusqu’ici. Y’a quand même des baleines qui viennent par ici, des bélugas surtout. Pis quand qu’on en voit, on dit ça à communauté, pis on part à chasse, même si sont pas si loin que ça.
Pis euh… J ’trouve que c’t’une belle nature. J’trouve que j’suis très chanceux d’habiter ici, pis qu’j’suis né ici parce que j’tais, j’suis toujours en amour avec la nature. Pis c’est vraiment une belle place.
Fait que… Euh, c’est ça. C’est, c’est toujours magnifique de voir toutes les montagnes à l’entoure. Pis j’adore ça.