Entrevue avec des conseillers naskapis. Une image d’eux ornemente le son de leur voix.
Intervieweur
Pouvez-vous me donner un portrait de la situation de votre communauté en ce moment? Tous les aspects que vous voulez : la jeunesse, la culture, l’économie... Juste un portrait de ce que vous trouvez important pour votre communauté en ce moment.
Femme
Notre jeunesse! Notre jeunesse! Parce que 75 % de notre population est jeune.
Intervieweur
Oh! oui! D’un… à quoi?
Femme
À partir de 15 ans et moins. C’est mon, mon avenir. C’est ce que je pense.
Intervieweur
Quel avenir voyez-vous pour votre communauté?
Femme
Mon avenir est... Disons que, si nous pouvons vraiment... parler de mon avenir, si nous pouvions éduquer les jeunes encore plus pour que j’aie un médecin, un avocat.
Homme
Une infirmière, une autre infirmière...
Femme
Peut-être une autre infirmière! On a deux infirmières maintenant. Une troisième serait bien. Un travailleur social...
Homme
Comptable.
Femme
Un comptable, un consul... des consultants naskapis, ce serait bien. C’est ça, mon avenir. C’est comme ça que je vois ma jeunesse maintenant.
Homme
Des autochtones. Tous des autochtones.
Intervieweur
Ne pas avoir besoin d’embaucher quelqu’un qui vient d’ailleurs.
Femme
C’est ça, c’est ça! Par exemple, si on peut pousser les enfants vers l’éducation, allons-y! Le futur leur appartient, pas à nous.
Homme
C’est leur avenir.
Femme
C’est leur avenir quand on y pense.
Intervieweur
Sont-ils intéressés par les études?
Homme
Certains d’entre eux le sont...
Femme
Certains le sont, mais ils veulent toujours suivre le même, le même chemin. Tous pareils! Comme, comme un professeur, une infirmière...
Homme
Charpentier…
Femme
Les charpentiers et autres métiers… Vous voyez ce que je veux dire? Mais, ils ne vont jamais plus haut comme un médecin, un avocat. Ce serait bien.
Intervieweur
Parce qu’ils ne savent pas grand-chose sur ces... ?
Femme
Ce n’est pas ça, c’est… Je pense que c’est peut-être… Ils… Ils trouvent ça trop long, peut-être.
Homme
Trop longtemps, ouais!
Femme
Surtout qu’on doit aller à l’université pour ça.
Intervieweur
Tu dois partir loin, très loin de chez toi.
Femme
Ils doivent partir plus longtemps loin de chez eux. C’est ça. C’est trop loin.
Homme
Et, parfois, certains d’entre eux ne restent pas longtemps à cause des coûts. C’est trop cher.
Femme
Les coûts. C’est très cher de vivre... Nous disons toujours que c’est très cher de vivre dans le Nord pour ce qui est, disons, de la nourriture et des choses dont nous avons besoin. Mais, c’est la même chose pour eux quand ils descendent. C’est très cher pour eux de payer...
Homme
Le loyer.
Femme
Le loyer...
Intervieweur
Vous avez une maison à payer...
Femme
Le loyer, leurs livres. Même les livres de nos jours sont très chers!
Intervieweur
Les livres de médecine sont très chers.
Homme
C’est ça!
Femme
C’est ça! Mais, certains d’entre eux doivent payer pour les livres. Ils n’ont qu’un certain montant qui leur est donné, mais, le reste… Disons qu’ils vous donnent 200 $... disons 500 $...
Homme
Un mois.
Femme
Un mois, par exemple, pour une session, une session et l’autre. Si t’as besoin de plus, tu dois payer. Il faut que ça sorte de ta poche et qu’ils te remboursent après.
Intervieweur
Je comprends donc qu’il existe des programmes pour financer les jeunes qui veulent aller étudier aussi loin?
Femme
Oui, oui, oui. Il y en a!
Homme
Mais, parfois, ce n’est pas assez.
Intervieweur
OK!
Femme
Parfois, ils doivent vivre ensemble à deux ou trois pour payer le loyer et pour payer ce dont ils ont besoin, leurs besoins personnels.
Homme
Partager les coûts. Le coût du loyer.
Femme
Ouais! L’électricité, parfois la nourriture. Et tout dépend où tu vas, où tu vas à l’école. Vous devez payer le métro ou l’autobus sur une base mensuelle.
Intervieweur
Oui, oui, oui! Ce sont toutes des dépenses.
Y a-t-il des jeunes qui sont partis étudier au cours des dernières années?
Femme
Oh! oui! On a des enfants… On en a encore qui vont à l’école! On a des enfants qui vont à l’école. Et j’apprécierais vraiment que tu ailles voir le directeur de l’école.
Intervieweur
On l’a rencontré.
Femme
Oui? Tu l’as déjà rencontré? Bien! C’est la meilleure personne pour vous dire combien d’étudiants nous avons à l’extérieur. Combien sont à l’université. Combien sont au cégep. Il a tout ça.
Intervieweur
Le Cégep… Où vont-ils? À Sept-Îles?
Femme
Non, ils doivent aller à Montréal, à Ottawa ou quelque part en Ontario.
Homme
Ontario. Certains d’entre eux sont au Québec.
Intervieweur
À cause de la langue anglaise?
Femme
Oui. C’est ça, oui!
Intervieweur
Ils doivent aller encore plus loin à cause de l’anglais.
Femme
Ouais.
Intervieweur
Et ces jeunes qui sont partis étudier, réussissent-ils leurs études?
Femme
Oui, certains d’entre eux réussissent.
Homme
Certains d’entre eux réussissent, oui. Certains d’entre eux réussissent.
Intervieweur
Et quand ils obtiennent leur papier, leur diplôme, est-ce qu’ils reviennent dans la communauté?
Femme
Oui, oui. Nous avons une infirmière ici qui a réussi. Et elle travaille au CLSC. Et, maintenant, elle est directrice des programmes.
Homme
Une première infirmière en chef. Une Naskapie. Une infirmière autochtone.