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La Boîte Rouge VIF
Musée virtuel du Canada (MVC)
Les défis de l'éducation
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Le décrochage commence jeune

Donat Jean-Pierre
3 Mars 2011
Matimekush

« C’est comme envoyer un Québécois étudier en Chine. »

Donat Jean-Pierre, Innu

Pour tous les enfants, l’école représente un défi. Pour les jeunes Innus de Matimekush, ce défi est double. Après la maternelle, leur apprentissage se fait en français, une langue seconde pour la plupart d’entre eux. L’adaptation à un nouveau système d’éducation demande aussi beaucoup d’efforts. Rien n’est gagné d’avance et le danger d’abandon scolaire guette déjà. Même si pour plusieurs, le décrochage ne se réalisera qu’au secondaire, c’est dans les premières années du primaire qu’il prend racine, constate Donat Jean-Pierre. Et c’est ainsi que la petite école ne mène pas toujours à la grande.

Transcription

Entrevue réalisée avec Donat Jean-Pierre. Une photo de lui ornemente le son de sa voix.

Donat Jean-Pierre

C’est, c’est pas facile, t’sais. C’est pas facile l’école, déjà, au départ. La langue, c’t’une deuxième langue. C’est comme ici, à l’école. Nos élèves de 4 ans pis nos élèves de 5 ans, c’est en langue, la langue d’enseignement le… la langue innue. Première année, c’est la langue, euh, française. Pis en l’espace de 2-3 mois, après la maternelle, y rentrent en première année pis : « Tiens, Pierre! Tiens, ton, ton, ton livre de math pis ton livre de français! Tiens! » C’est, c’est, c’est… c’pas évident là. C’est, c’est comme… t’sais, euh, envoyer un Québécois pour aller étudier en Chine. Pis je sais pas combien de temps ça va y prendre pour, euh, t’sais. Fait que c’est… Y’a cette réalité-là, t’sais? On parle de décrochage, pis l’décrochage, oui, c’est au niveau d’la langue. Mais l’décrochage, ça commence pas au secondaire là. Ça commence, euh, au primaire, t’sais. T’sais, déjà en première année, deux, troisième année, c’est, c’est… c’t’important.

Mais c'est la question de la langue d'enseignement qui est, qui est difficile.

Intervieweur

Donc ce serait la question de la langue d'enseignement qui pourrait expliquer en partie les problèmes de décrochages chez les jeunes?

Donat Jean-Pierre

Ben moi je dirais en partie. Je dis pas à 50% là mais, ça a un impact, ça a un impact. Mais même comme je vous disais tantôt, même moi, quand j'étais au Cégep, au niveau de rédiger des travaux, euh, tsé, euh, même à l'université, on avait des travaux à remettre pis, euh, tsé, euh, tsé écrire, pis tsé, penser en innu. Ah ok, dans ma... ça sonne bien, ... Ok, je [vais] l'écrire. Pis là, quand c'est le temps d'écrire en français, et cal..., là ça bloque. Là ça bloque. Comment j'[vais] formuler ma pensée, parce que, tsé, au niveau de la langue, tu parles innu, tu parles français, mais la pensée, c'est pas la même chose là. Tsé, en innu, c'est facile. Pis même au niveau, si je parle innu aujourd'hui, avec un innu devant moi, ça va être plus facile, ça sort comme ça.

Mais, quand je parle avec un français, un québécois, euh, ... Il y a comme une fraction de seconde que faut que j'y pense en peu plus. Fait que c'est la même chose quand c'est le temps de faire des travaux.

Pis moi, j'imagine que bon, on parle d'éducation, on parle d'élèves au primaire, première année; ça doit être difficile, faut pas se l’cacher. Pis, à partir de la première année, jusqu'en sixième année, y’a deux périodes de langue innue. Comme nous, dans notre horaire, on a 5 périodes par jour, pis c'est des cycles de 7 jours. Pis, à l'intérieur de ce cycle de 7 jours, y’a deux cours de langue innue.

Fait qu'on parlait de culture tantôt pis, regarde, deux cours de langue innue. C'est pas beaucoup, mais en même temps, pour la réussite, tsé, pour que le jeune puisse apprendre le français pis les mathématiques, euh, tsé, est-ce que c'est assez ou pas assez?

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Se former

Abraham Chemaganish. Silas Nabinicaboo. Mary Guanish. Jimmy James Einish. Phil Einish
7 Mars 2011
Kawawachikamach

« Si on peut pousser nos enfants vers l’éducation, allons-y. »

Mary Guanish, Naskapi

L’autodétermination des Premiers Peuples n’est pas qu’un objectif. C’est une nécessité et elle passe par une jeunesse éduquée. C’est la conviction profonde qui anime les dirigeants naskapis qui rêvent du jour où les postes clés de leur administration seront occupés par des professionnels de leur nation. Le chemin des études universitaires est long et semé d’embûches : l’exil temporaire, la vie en ville, l’isolement, le choc culturel, la perte de repères, la langue, l’argent… Mais il y a de belles réussites. L’infirmière-chef du CLSC est une Naskapie. À quand un médecin, une avocate, un travailleur social, un comptable ? L’avenir repose entre les mains des jeunes. Leur apport sera déterminant pour la suite des choses.

Transcription

Entrevue avec des conseillers naskapis. Une image d’eux ornemente le son de leur voix.

Intervieweur

Pouvez-vous me donner un portrait de la situation de votre communauté en ce moment? Tous les aspects que vous voulez : la jeunesse, la culture, l’économie... Juste un portrait de ce que vous trouvez important pour votre communauté en ce moment.

Femme

Notre jeunesse! Notre jeunesse! Parce que 75 % de notre population est jeune.

Intervieweur

Oh! oui! D’un… à quoi?

Femme

À partir de 15 ans et moins. C’est mon, mon avenir. C’est ce que je pense.

Intervieweur

Quel avenir voyez-vous pour votre communauté?

Femme

Mon avenir est... Disons que, si nous pouvons vraiment... parler de mon avenir, si nous pouvions éduquer les jeunes encore plus pour que j’aie un médecin, un avocat.

Homme

Une infirmière, une autre infirmière...

Femme

Peut-être une autre infirmière! On a deux infirmières maintenant. Une troisième serait bien. Un travailleur social...

Homme

Comptable.

Femme

Un comptable, un consul... des consultants naskapis, ce serait bien. C’est ça, mon avenir. C’est comme ça que je vois ma jeunesse maintenant.

Homme

Des autochtones. Tous des autochtones.

Intervieweur

Ne pas avoir besoin d’embaucher quelqu’un qui vient d’ailleurs.

Femme

C’est ça, c’est ça! Par exemple, si on peut pousser les enfants vers l’éducation, allons-y! Le futur leur appartient, pas à nous.

Homme

C’est leur avenir.

Femme

C’est leur avenir quand on y pense.

Intervieweur

Sont-ils intéressés par les études?

Homme

Certains d’entre eux le sont...

Femme

Certains le sont, mais ils veulent toujours suivre le même, le même chemin. Tous pareils! Comme, comme un professeur, une infirmière...

Homme

Charpentier…

Femme

Les charpentiers et autres métiers… Vous voyez ce que je veux dire? Mais, ils ne vont jamais plus haut comme un médecin, un avocat. Ce serait bien.

Intervieweur

Parce qu’ils ne savent pas grand-chose sur ces... ?

Femme

Ce n’est pas ça, c’est… Je pense que c’est peut-être… Ils… Ils trouvent ça trop long, peut-être.

Homme

Trop longtemps, ouais!

Femme

Surtout qu’on doit aller à l’université pour ça.

Intervieweur

Tu dois partir loin, très loin de chez toi.

Femme

Ils doivent partir plus longtemps loin de chez eux. C’est ça. C’est trop loin.

Homme

Et, parfois, certains d’entre eux ne restent pas longtemps à cause des coûts. C’est trop cher.

Femme

Les coûts. C’est très cher de vivre... Nous disons toujours que c’est très cher de vivre dans le Nord pour ce qui est, disons, de la nourriture et des choses dont nous avons besoin. Mais, c’est la même chose pour eux quand ils descendent. C’est très cher pour eux de payer...

Homme

Le loyer.

Femme

Le loyer...

Intervieweur

Vous avez une maison à payer...

Femme

Le loyer, leurs livres. Même les livres de nos jours sont très chers!

Intervieweur

Les livres de médecine sont très chers.

Homme

C’est ça!

Femme

C’est ça! Mais, certains d’entre eux doivent payer pour les livres. Ils n’ont qu’un certain montant qui leur est donné, mais, le reste… Disons qu’ils vous donnent 200 $... disons 500 $...

Homme

Un mois.

Femme

Un mois, par exemple, pour une session, une session et l’autre. Si t’as besoin de plus, tu dois payer. Il faut que ça sorte de ta poche et qu’ils te remboursent après.

Intervieweur

Je comprends donc qu’il existe des programmes pour financer les jeunes qui veulent aller étudier aussi loin?

Femme

Oui, oui, oui. Il y en a!

Homme

Mais, parfois, ce n’est pas assez.

Intervieweur

OK!

Femme

Parfois, ils doivent vivre ensemble à deux ou trois pour payer le loyer et pour payer ce dont ils ont besoin, leurs besoins personnels.

Homme

Partager les coûts. Le coût du loyer.

Femme

Ouais! L’électricité, parfois la nourriture. Et tout dépend où tu vas, où tu vas à l’école. Vous devez payer le métro ou l’autobus sur une base mensuelle.

Intervieweur

Oui, oui, oui! Ce sont toutes des dépenses. Y a-t-il des jeunes qui sont partis étudier au cours des dernières années?

Femme

Oh! oui! On a des enfants… On en a encore qui vont à l’école! On a des enfants qui vont à l’école. Et j’apprécierais vraiment que tu ailles voir le directeur de l’école.

Intervieweur

On l’a rencontré.

Femme

Oui? Tu l’as déjà rencontré? Bien! C’est la meilleure personne pour vous dire combien d’étudiants nous avons à l’extérieur. Combien sont à l’université. Combien sont au cégep. Il a tout ça.

Intervieweur

Le Cégep… Où vont-ils? À Sept-Îles?

Femme

Non, ils doivent aller à Montréal, à Ottawa ou quelque part en Ontario.

Homme

Ontario. Certains d’entre eux sont au Québec.

Intervieweur

À cause de la langue anglaise?

Femme

Oui. C’est ça, oui!

Intervieweur

Ils doivent aller encore plus loin à cause de l’anglais.

Femme

Ouais.

Intervieweur

Et ces jeunes qui sont partis étudier, réussissent-ils leurs études?

Femme

Oui, certains d’entre eux réussissent.

Homme

Certains d’entre eux réussissent, oui. Certains d’entre eux réussissent.

Intervieweur

Et quand ils obtiennent leur papier, leur diplôme, est-ce qu’ils reviennent dans la communauté?

Femme

Oui, oui. Nous avons une infirmière ici qui a réussi. Et elle travaille au CLSC. Et, maintenant, elle est directrice des programmes.

Homme

Une première infirmière en chef. Une Naskapie. Une infirmière autochtone.

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Tout est lié

Lucien Ottawa
30 Mars 2011
Manawan

« On dirait que les parents abandonnent leurs responsabilités à l’école. »

Lucien Ottawa, Nehirowisiw

Tout est lié. L’école, la maison, le territoire. Les parents, les enseignants, la communauté. La famille, les valeurs, la culture et l’identité. Le territoire est une école, l’école une famille, la maison une classe. La transmission est une richesse, l’éducation, une responsabilité partagée. Quelle que soit son histoire, quelle que soit sa situation, nul ne peut abandonner. Car tout est lié : les parents, les enseignants, la communauté, la nation et au centre du cercle, les enfants, porteurs d’avenir.

Transcription

Plan serré sur Lucien Ottawa, assis sur une chaise de bureau. Il porte une chemise jaune et des lunettes. Derrière lui, des feuilles et des notes sont affichées au mur et des documents de travail sont placés sur un bureau.

Intervieweur

Est-ce que les jeunes y vont encore avec leur famille dans le territoire?

Lucien Ottawa

Euh… Ça faisait partie du, euh… du calendrier scolaire qui a été établi ça fait plus quinze-vingt ans là. Y’appelaient ça des semaines culturelles. On avait une semaine à l’automne et on avait une semaine au printemps. Et au début de ce, de ce programme-là, t’sais, beaucoup de familles allaient en territoire là. Pis aujourd’hui, on dirait, c’est de plus en plus délaissé là.

Intervieweur

Est-ce que l’école est en train de prendre beaucoup de responsabilités dans [la] transmission culturelle que… qui était dans la famille avant ou…?

Lucien Ottawa

Ben, moi, j’dirais pas vraiment, euh, mais, euh… je dirais qu’y, qu’y prennent plus de responsabilités au niveau de l’enseignement des, des valeurs.

Intervieweur

Oui.

Lucien Ottawa

Oui. On dirait que les parents transmettent leurs responsabilités à l’école.

Intervieweur

Oui.

Lucien Ottawa

Alors que les autres… que c’est les parents qui devraient transmettre leurs… les valeurs, les valeurs familiales là dans, dans, dans la maison là, comme on dit. C’est un peu la perception que… qu’on a… qu’on voit ici là, t’sais. On dirait que les parents veulent […] délaisser leurs responsabilités pour laisser ça à l’école. C’est ça… C’est ça qui, euh, qui pourrait peut-être, je sais pas… Comment j’pourrais dire ça? Qui pourrait peut-être engendrer, t’sais, une, une perte là, de responsabilisation là.

Intervieweur

Savez-vous pourquoi ça se passe comme ça?

Lucien Ottawa

Ben, euh… C’est un peu la perception là que les parents, dans l’temps qu’on leur… qu’on envoyait leurs enfants dans les pensionnats. Parce que, euh, les responsables des… du ministère des Affaires indiennes ont dit aux parents : « On va prendre en charge […] vos enfants. Vous n’avez… Vous n’aurez rien à… ». Donc, c’t’un peu… C’t’un peu une suite de ça là qu’y a actuellement, aujourd’hui là. Parce que si, euh… Quand que les jeunes ont été envoyés dans les pensionnats, ben, y’ont été quasiment presque arrachés de leur noyau familial là. Et ce sont les responsables des ministères et des églises qui ont dit : « Ben, occupez-vous pas de vos enfants. On va s’en occuper. » Donc, c’t’un peu la, la… les répercussions de ça là, aujourd’hui, qui se vivent dans les communautés. Pis les parents, aujourd’hui, ont tendance à transmettre leurs responsabilités aux écoles, au niveau de l’enseignement là.

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