Près d’un marécage entouré d’arbres, Mathieu O’Bomsawin est debout sur un belvédère. Il porte une chemise blanche à motif de feuillage et un jean. Un panneau d’interprétation est à sa droite. Un ciel nuageux laisse entrevoir une percée de soleil.
Mathieu O’Bomsawin
Kway! Bonjour! Mon nom est Mathieu O’Bomsawin et j’suis le directeur du Musée des Abénakis. Puis ici, où on se r’trouve dans la commune, euh, qui est en fait le boisé de la communauté… Et, en fait, moi, je… j’voulais vous partager, en fait, mon expérience de la commune parce que depuis que je suis tout petit, euh, je fréquente ce lieu avec mon grand-père qui m’amenait souvent dans le sentier ici pour, pour justement découvrir cette forêt-là. Et dans la forêt, qu’est-ce qu’y a de particulier, c’est que y’a une légende qui est associée au lieu, qui s’appelle la Légende d’Odasquine.
Odasquine, en fait, c’est, euh, un Abénaqui qui est né avec des petites cornes sur le front, d’où son nom. Parce qu’en fait, en abénaqui, odasquine signifie « tête cornue ». Et Odasquine, lorsqu’il est né… les gens, durant son enfance, le craignaient. Les femmes et les enfants en avaient peur. Et les hommes le fuyaient.
Donc, éventuellement, Odasquine était tellement, euh, tanné de se faire intimider et d’avoir la peur de ces gens-là, qu’y’a fait en sorte qu’il a décidé de se réfugier dans la forêt ici : la forêt de la commune.
Mathieu se dirige vers l’entrée du belvédère.
Et Odasquine a décidé de s’établir ici parce qu’il était solitaire. Et il a décidé de s’exclure lui-même de la communauté. C’est ainsi qu’il a décidé de construire lui-même son propre wigwam près d’une source qu’on appelle encore aujourd’hui « la source d’Odasquine », qui est une source d’eau, une source d’eau potable, euh, souterraine. Et, en fait, euh, il a décidé d’y vivre toute sa vie dans la commune.
Jusqu’à la fin de ses jours, les gens continuaient quand même à le fréquenter parce qu’il a développé vraiment une connaissance très particulière de, de tout ce qui était des ressources naturelles de la commune. Que ce soit les plantes, les arbres, les plantes médicinales, le gibier également. Donc, c’est comme ça qu’y, qu’y survivait dans le boisé ici. Et, euh, Odasquine, euh, est devenu par le fait même un medicine man.
Il revient vers le panneau d’interprétation.
Donc, un « homme-médecine » qui préparait des remèdes pour les… dans… les gens de la communauté. Malgré le fait qu’il s’était fait exclure de la communauté, il a toujours eu à cœur, euh, les gens de sa communauté. Et c’est, euh, comme ça qu’les gens continuaient à le visiter dans le boisé ici, pour venir chercher de la médecine.
Euh, un beau jour d’octobre, à c’qui parait, mon grand-père me disait que, euh, les gens sont arrivés à son endroit, à l’endroit où il s’était établi, qu’y’était en fait un genre de… Lorsqu’on vient dans la commu… dans l’boisé, on peut remarquer un cercle très creux qui semblait être l’emplacement de son wigwam. Et lorsqu’ils sont arrivés, ils se sont rendu compte qu’Odasquine était parti. Donc, on n’a jamais eu vent de ce qui s’était passé, simplement qu’il a décidé de s’en aller de la communauté et, aujourd’hui encore, le lieu s’appelle encore, euh, Odasquine, en l’honneur de cet individu-là qui, qui a vécu toute sa vie dans la commune.
Il retourne près de l’escalier à l’entrée du belvédère.
Aujourd’hui, euh, on en a fait un sentier d’interprétation sur les plantes médicinales en l’honneur d’Odasquine. Étant donné que, euh, la commune, le boisé, est tellement riche de plantes médicinales, […] on […] a décidé d’en faire un sentier d’interprétation. Euh, c’qu’on va faire, c’qu’on va voir sur 1,2 km du sentier, c’est vraiment des plantes qui vont, euh, être interprétées, donc, selon la médecine traditionnelle abénaquise. Et les gens vont pouvoir connaître les particularités, euh, de chacune de ces plantes-là.
Nous, euh, aujourd’hui, on en a fait un lieu touristique, mais ça demeure quand même un lieu qui est très, très… où les membres de la communauté sont très attachés, euh, à ce boisé qui [est] demeuré toujours une propriété de la communauté.
Donc, euh, maintenant, j’vous invite à venir découvrir ce sentier-là et peut-être [à] découvrir également…. [à] repérer le lieu où Odasquine, y’a vécu. Donc, c’est un rendez-vous! Et j’vous invite encore une fois à venir visiter ce sentier riche en connaissances et en contenu. Donc, j’vous invite à me suivre dans le sentier!
Mathieu quitte le belvédère, emprunte le sentier et disparaît dans la forêt.